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Le Trouble Dysphorique Prémenstruel

Le trouble dysphorique prémenstruel (TDPM), en anglais “Premenstrual Dysphoric Disorder » (PMDD) est une condition clinique qui touche environ 6 % des femmes en âge de procréer. Souvent comparé au Syndrome Prémenstruel (SPM), le TDPM se distingue par sa gravité, notamment sur le plan psychologique et son impact significatif sur la vie quotidienne. Il est officiellement reconnu comme un trouble de l’humeur dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) de l’American Psychiatric Association. Pour mieux appréhender la complexité du TDPM, il est crucial de mettre en lumière une récente étude publiée dans la revue scientifique « Aggressive Behavior »: cette recherche a avancé que la sensibilité hormonale associée au TDPM pourrait également jouer un rôle dans l’aggravation d’autres troubles psychiatriques, tels que les troubles de l’humeur et les troubles anxieux.

Les symptômes

– L’irritabilité

– Les sautes d’humeur

– La dépression

– L’anxiété

– La fatigue

– Les troubles du sommeil

– Des symptômes physiques tels que des crampes et des douleurs mammaires.

Dimensions psychosociales

L’impact du TDPM ne peut être pleinement compris sans tenir compte des facteurs psychosociaux qui influencent sa manifestation et sa gravité. Les troubles menstruels, y compris le TDPM, sont souvent associés à des stigmates sociaux persistants. Cette stigmatisation peut rendre difficile pour les femmes d’exprimer leur malaise ou de rechercher un soutien médical approprié, exacerbant ainsi les symptômes psychologiques déjà accrus liés au TDPM.

Voici le témoignage de Mélanie dans son parcours pour faire reconnaître sa lutte contre le TDPM (source : chaîne Youtube 20 minutes).

Sensibilité hormonale et pathogenèse

La pathogenèse TDPM repose sur une complexité d’interactions hormonales et neurologiques. Parmi ces interactions, la notion de « sensibilité hormonale anormale » est cruciale, comme le démontrent les recherches de la Dre Tory Eisenlohr-Moul. La sensibilité hormonale anormale agit comme un catalyseur, complexifiant la pathologie du TDPM. Ce n’est donc pas simplement une question de niveaux hormonaux, mais plutôt de la manière dont le corps réagit à ces fluctuations.

  • Œstrogènes et Progestérone – les principales hormones sexuelles: elles oscillent naturellement pendant le cycle menstruel. En cas de sensibilité accrue à ces hormones, cette oscillation peut générer une série de symptômes psychologiques et physiques, agissant comme un amplificateur des manifestations du TDPM.
  • Le Cortisol – l’amplificateur du stress: il peut exacerber les symptômes d’anxiété et de dépression dans le contexte du TDPM. Il interagit également avec l’axe hypothalamo-hypophysaire-gonadique (HHG), influençant la régulation des hormones sexuelles et ajoutant une couche supplémentaire de complexité.
  • La Sérotonine – l’Intermédiaire: bien que la sérotonine ne soit pas une hormone, elle joue un rôle important dans la modulation de l’humeur. Les œstrogènes, en particulier, ont un effet modulateur sur la sérotonine, qui à son tour influence l’état émotionnel.
Une vidéo ludique, mais précise sur les états émotionnels liés aux variations hormonales au cours des différentes phases du cycle menstruel (source : chaîne Youtube Glamour).

La neurobiologie du TDPM est complexe et implique des interactions entre les hormones sexuelles et les neurotransmetteurs, tels que la sérotonine. Cette communication chimique modifie les activités de l’axe hypothalamo-hypophysaire-gonadique (HHG), impactant ainsi les fonctions cognitives, émotionnelles et somatiques. Un niveau élevé de cortisol a également été mis en relation avec des symptômes de dépression et d’anxiété.

Implications thérapeutiques

La compréhension de la complexité du TDPM ouvre la voie à des approches thérapeutiques plus ciblées. Les avancées en neuropsychopharmacologie offrent des perspectives passionnantes pour le traitement du TDPM. Cette discipline explore les interactions entre les médicaments et le cerveau, ouvrant la porte à des traitements plus spécifiques qui ciblent les mécanismes sous-jacents du TDPM. En plus des médicaments, des thérapies non pharmaceutiques telles que la psychothérapie cognitive-comportementale (TCC) peuvent être envisagées. La TCC aide les personnes atteintes de TDPM à développer des stratégies pour faire face aux symptômes émotionnels et à améliorer leur qualité de vie. Un suivi longitudinal sur une période prolongée est essentiel pour évaluer l’efficacité des interventions thérapeutiques. 

Urgence et perspectives futures

Les statistiques alarmantes du Center for Disease Control and Prevention (CDC) en 2021 indiquent que près d’un tiers des adolescentes ont sérieusement envisagé des actes suicidaires. Cette crise exige une action immédiate et une recherche multidisciplinaire.

Pour aller plus loin

– « Le Choix d’Être Femme : le Syndrome Prémenstruel » par Dr Virginie Bagneux : Une lecture clinique basée sur des études médicales et psychologiques du syndrome prémenstruel, y compris le TDPM.

– « Le Grand Mystère des Règles: Pour en finir avec un tabou vieux comme le monde » par Jack Parker : Une exploration socio-culturelle et médicale des règles, y compris des troubles tels que le TDPM.

Références

– International Association for Premenstrual Disorders (IAPMD)

– Center for Disease Control and Prevention, 2021

– Eisenlohr-Moul, T., « Sensibilité hormonale dans le PMDD », Université de l’Illinois à Chicago

– « Psychoneuroendocrinology », Vol. 88, 2018

– American Psychiatric Association. (2013). Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (5th ed.)

– « Aggressive Behavior », Vol. 46, No. 2, 2020

– Clay, R. A. (2023). Emerging research on “hormonal sensitivity” is opening up new avenues for suicide prevention and other interventions. Monitor on Psychology, Septembre 2023.

Photo de Yuris Alhumaydy sur Unsplash

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