Que recherchez-vous ?
< Tous les thèmes
Imprimer

Théorie de la réactance

La réactance psychologique est une réaction émotionnelle négative. Elle est engendrée lorsque les gens subissent une menace ou une perte de liberté.

Cf. Références [1-3] au bas de cette page

anarchisme et réactance
L’anarchisme est un comportement typique de réactance

Anti-masques, antivax, gilets jaunes… S’agit-il d’un phénomène de réactance ? On suppose que si la liberté de comportement d’une personne est restreinte ou réduite, cela déclenche une réactivité émotionnelle. Celle-ci va engendrer une motivation à défendre sa liberté. La peur de perdre de nouvelles libertés peut déclencher cette réactivité et motiver la personne à transgresser l’interdit pour rétablir sa liberté. Cet état de révolte comportemental est appelé « réactance psychologique ».

Ce mécanisme est très présent et joue un rôle fondamental dans le maintien dans certains troubles, tel que par exemple les toxicomanies, et dans certains troubles de la personnalité.

Théorie de la réactance

Perte de liberté et comportement de révolte

La théorie de la réactance comporte quatre éléments importants: la liberté perçue, la menace à la liberté, la réactance et la restauration de la liberté. La liberté est un sentiment associé à des comportements, des actions, des émotions et des attitudes.

La théorie de la réactance suppose qu’il existe des « comportements libres » que les individus perçoivent et auxquels ils peuvent prendre part à tout moment. Pour qu’un comportement soit libre, l’individu doit avoir les capacités physiques et psychologiques pertinentes pour y participer et doit savoir qu’il peut s’y engager en ce moment ou dans un avenir proche. Le « comportement » comprend toute action, et inclus les comportements cognitifs (prises de décisions internes, et planification).

Il n’est pas toujours clair, pour un observateur ou pour les individus eux-mêmes, s’ils détiennent une liberté particulière de s’engager dans un comportement donné. Lorsqu’une personne souhaite accomplir un comportement perçu comme libre, elle est susceptible de ressentir une réactance chaque fois que ce comportement est restreint, éliminé ou interdit avec élimination. Plus un comportement libre est important pour un certain individu, plus l’amplitude de la réactance sera grande. La suppression d’une liberté pouvant déclencher la peur de perdre d’autres libertés, c’est la perte de liberté imaginée (et non réelle) qui prédit le degré de réactance de l’individu.

Perte de liberté « légitime » ?

Les autres concepts fondamentaux de la théorie sont la justification et la légitimité. Si une privation de liberté est perçue comme justifiée, la personne aura une moindre tendance à la réactance. De même, la légitimité d’une privation de liberté (par exemple, dans le contexte de lois ou de règles sociales admises) va inhiber la réactance.

Sommes-nous réellement libres ?

L’individu n’est pas forcément conscient de sa réactance. Prendre conscience de l’existence de ce phénomène, c’est diminuer sa sensibilité à la réactance (et par conséquent, être plus libre, dans les faits, de ses choix comportementaux).

Effets de la perte de liberté

Par exemple, la réactance est exprimée lorsqu’un individu se livre à une activité interdite afin de narguer délibérément l’autorité qui l’interdit, indépendamment de l’utilité ou de l’inutilité de ce comportement.

Plus l’ampleur de la réactance est grande, plus l’individu tentera de rétablir la liberté qui a été perdue ou interdite. Lorsqu’une liberté est menacée par une pression sociale, la réactance amènera une personne à résister à cette pression. En outre, lorsqu’il existe des restrictions contre un rétablissement direct de la liberté, il peut y avoir des tentatives de rétablissement implicite chaque fois que cela est possible.

La réactance, en vidéo

Une vidéo de la chaîne de hacking social Horizon-Gull illustre la réactance de façon distrayante et scientifiquement solide :

Sortir de la réactance

Chez l’enfant, une forme de réactance surexprimée est présente dans le trouble oppositionnel avec provocation. Elle est associée avec un profond sentiment d’injustice face à ce que l’enfant perçoit comme des abus d’autorité.

Les personnes qui s’enferment dans des scénarios de vie où la réactance est surexprimée (toxicomanie, révolte, difficultés avec l’autorité) souffrent de schémas cognitifs dysfonctionnels, contraignant le fonctionnement de leur personnalité. Le modèle le mieux validé scientifiquement pour soigner ces schémas dysfonctionnels est l’approche des thérapies cognitivo comportementales de la troisième vague tel que la thérapie des schémas (Jacob, Arntz, 2013 ; Taylor, et al., 2017). Les personnes présentant une forte réactance ont en outre besoin, lorsqu’elles suivent une psychothérapie, d’un style non directif et fortement collaboratif (Beutler, et al., 2018).

Références

Steindl, Christina; Jonas, Eva; Sittenthaler, Sandra; Traut-Mattausch, Eva; Greenberg, Jeff (2015). « Understanding Psychological Reactance »Zeitschrift für Psychologie223 (4): 205–214.

Beutler, L. E., Edwards, C., & Someah, K. (2018). Adapting psychotherapy to patient reactance level: A meta‐analytic review. Journal of Clinical Psychology74(11), 1952-1963.

Brehm, J. W. (1966). A theory of psychological reactance. Academic Press.

Brehm, S. S., & Brehm, J. W. (1981). Psychological Reactance: A Theory of Freedom and Control. Academic Press.

Jacob, G. A., & Arntz, A. (2013). Schema therapy for personality disorders—A review. International Journal of Cognitive Therapy6(2), 171-185.

Taylor, C. D., Bee, P., & Haddock, G. (2017). Does schema therapy change schemas and symptoms? A systematic review across mental health disorders. Psychology and Psychotherapy: Theory, Research and Practice90(3), 456-479.

Table des matières
Retour en haut